Un marché en pleine structuration

Une adoption croissante par les agriculteurs

L’essor des biostimulants est porté par des résultats concrets observés sur le terrain. De plus en plus d’agriculteurs intègrent ces solutions pour sécuriser leurs rendements, améliorer la qualité de leurs productions et optimiser l’usage des intrants. Cette adoption est particulièrement marquée dans les filières spécialisées comme la viticulture, l’arboriculture et le maraîchage, où la réduction des intrants chimiques est un enjeu stratégique.

Plusieurs éléments expliquent cette montée en puissance. D’une part, les avancées scientifiques et les nombreux essais en conditions réelles ont permis de mieux comprendre leurs modes d’action et d’objectiver leurs bénéfices agronomiques. D’autre part, la hausse des coûts des fertilisants et des produits phytosanitaires pousse les exploitants à rechercher des alternatives économiquement viables.

Le développement des certifications environnementales, comme les labels sans résidus, la Haute Valeur Environnementale (HVE) ou l’Agriculture Biologique (AB), stimule également leur adoption. Les biostimulants s’intègrent parfaitement dans ces démarches en permettant aux agriculteurs de limiter l’usage des intrants de synthèse tout en maintenant la productivité et la qualité des récoltes.

Enfin, l’accompagnement technique proposé par les fabricants et les distributeurs joue un rôle clé dans cette adoption croissante. Les conseils personnalisés, les essais terrain et les formations permettent aux agriculteurs de mieux appréhender ces solutions et de les intégrer efficacement dans leurs itinéraires culturaux. Cette professionnalisation progressive du marché contribue à renforcer la crédibilité des biostimulants et à accélérer leur déploiement à grande échelle.

Une intégration progressive aux politiques agricoles

La reconnaissance des biostimulants dépasse aujourd’hui le cadre des pratiques agricoles pour s’inscrire dans les politiques publiques visant à promouvoir une agriculture plus durable. Le Green Deal européen et la stratégie De la ferme à la table fixent des objectifs ambitieux de réduction de 50 % des pesticides et de 20 % des engrais d’ici 2030. Dans cette transition, les biostimulants apparaissent comme un levier clé pour préserver les rendements tout en limitant l’impact environnemental des intrants chimiques.

L’adoption du Règlement (UE) 2019/1009, qui officialise les biostimulants en tant que catégorie réglementaire distincte, a marqué une avancée majeure pour leur reconnaissance et leur structuration sur le marché européen. Cette harmonisation facilite leur mise sur le marché et garantit leur efficacité grâce à des critères d’évaluation scientifiques. Certains États membres vont plus loin en mettant en place des dispositifs de soutien financier pour encourager leur utilisation, notamment à travers les aides à l’innovation et les plans de transition agroécologique.

En France, le programme Écophyto inclut désormais les biostimulants parmi les solutions permettant de réduire l’usage des produits phytosanitaires. L’objectif est d’accompagner les agriculteurs vers des alternatives efficaces pour limiter l’usage des pesticides tout en maintenant la productivité des cultures. En Espagne et en Italie, les biostimulants sont intégrés aux stratégies d’agriculture régénérative, particulièrement dans la culture des oliviers et des agrumes, où leur impact positif sur la gestion de l’eau et la qualité des récoltes est démontré. Dans ces régions fortement exposées au stress hydrique, ils contribuent à améliorer l’efficience de l’irrigation et à renforcer la tolérance des cultures aux conditions climatiques extrêmes.

Par ailleurs, la structuration du marché des biostimulants passe par une reconnaissance accrue au sein des instances scientifiques et réglementaires. L’adoption en 2022 par la Commission européenne de normes d’évaluation rigoureuses contribue à renforcer leur crédibilité. Ces standards garantissent que les produits mis sur le marché démontrent leur efficacité selon des protocoles d’expérimentation standardisés et reproductibles. Cela permet aux agriculteurs de disposer d’outils fiables et aux autorités d’assurer une validation scientifique des effets revendiqués. Si leur intégration dans les politiques agricoles est encore en cours, la dynamique engagée montre que les biostimulants sont appelés à jouer un rôle clé dans les stratégies de résilience et d’innovation de l’agriculture européenne. Le soutien croissant des institutions, combiné à l’adoption grandissante par les agriculteurs, devrait accélérer leur déploiement et renforcer leur place au sein des itinéraires culturaux de demain.